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272px-Meuble_héraldique_Loup_passant.sv

        n, deux, trois, presque trente coups de poignard traversèrent le corps du souverain qui s’était effondré à genoux, en proie à une agonie sans répit : c'eut été une incision pour chacune des années d’exil que le traître avait subies, si son bras d’assassin, alimenté par une haine aveugle, ne s’était pas engourdi avant de conclure le bon compte. Le régicide, pire, le fratricide, accueillit dans ses bras le mourant qui s’étouffait, inspirant d’un souffle profond la vie qui s’en échappait. « Voilà donc la fin misérable du roi Hadrian le sage, le raisonnable, l’austère… Tu ne m’as jamais pris au sérieux, mon frère, bien mal t’en prît. Mais je veillais dans l'ombre, guettant tes moindres failles et je n'eus qu'à attendre un peu plus, car l'âge te rendit faible et trop confiant. » Irrigué par une joie morbide, la satisfaction d'avoir enfin entre ses mains ce qu'il pensait être sien depuis le début et sans se soucier des moyens employés, Willos enfonça une dernière fois sa dague dans le torse du monarque déchu, cette fois-ci en plein cœur. « A présent, meurs, meurs enfin… ah ! le roi est mort, longue vie au roi. » murmura-t-il, fermant les yeux en sentant sur sa joue l'ultime râle de son frère. Peut-être n'était-il que plongé dans l'un de ses incessants rêves de vengeance, où il pensait s'asseoir sur le trône de Vilhjalmur mais se réveillait dans le lit miteux d'une auberge, à des lieues de son château natal. Sa réussite lui paraissait irréelle : après des années passées à fomenter des plans toujours voués à l'échec, des années qui représentaient l'entièreté de sa vie passée en exil, une vie humiliante et désargentée, voilà qu'il était finalement victorieux. Avec le roi était morte sa Main, et plusieurs des membres éminents de la Cour dont il n'avait pu acheter le soutien ; on trouverait bientôt Gabrelle, l'héritière dangereuse, qu'il exécuterait à son tour ou bien garderait enfermée dans une tour en attendant de lui trouver une utilité, et plus aucun obstacle ne le tiendrait désormais à l'écart du pouvoir.

L'homme se releva d'un bond, rejetant d'un coup de pied dédaigneux le corps d'Hadrian et il s'avança au milieu de la chambre, d'un pas inégal ; ivre de vengeance, avide du sang qu'il venait de verser, grisé par ses émotions violentes, il titubait tel un soudard satisfait. Un hurlement de fou franchit ses lèvres tremblantes, alors qu'il levait les bras vers le plafond, qui le cachait brièvement du regard des Dieux. « Le roi est mort, longue vie au roi ! » répéta-t-il dans un cri rauque, auquel firent échos les clameurs de ses hommes, qui arpentaient l'étage.

U

'Goodbye brother',

Radmin Djawadi

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