top of page

Ce fut une vague mortelle de païens qui déferla sur les plages de Brideport, port modeste et sans défense qui succomba dès la première offensive. Venus de la mer, animés de leur furieuse impiété, ils fracassèrent d'abord les portes du monastère, dont la paix sacrée n'avait jamais été violée de la sorte ; épargnée par les guerres seigneuriales, épargnée même par les pillards, la maison de Dieu tomba pourtant face aux assauts des guerriers du Nord qui ne craignaient point pour le salut de leurs âmes noircies. Sans égards pour les manuscrits anciens, ils déchirèrent les pages soigneusement calligraphiées : sans égards pour les statues de la Vierge Marie, ou pour le Christ crucifié, ils brisèrent tout ce qui n'était point fait d'or et d'argent. Ils amassèrent les trésors trouvés, objet de leur visite en ces lieux saints, dans de grands sacs de toile, avant de massacrer les occupants du monastère : indifférents aux suppliques, ils s'emparèrent de toute vie qui souhaitait résister, et davantage encore, de toute vie qui s'était pourtant rendue.

Mais apercevant plus loin les frontières de la ville, qui s'étendait sur la vallée verdoyante, les Vikings s'y précipitèrent, ruisselants du sang qu'ils avaient déjà versé. Ils n'y trouvèrent point de richesses égales à celles que détenaient les hommes de foi mais plutôt une population faible et servile, qui valait presque autant ; des femmes, des enfants, et quelques hommes parmi ceux qui ne représentaient point de menace, constituèrent un butin satisfaisant dont ils se déchargeraient sur les marchés aux esclaves organisés en Scandinavie. Les captifs furent chargés au même titre que les trésors sur leurs navires étranges, qu'ils appelaient drakkars, et comme la tempête qui se retire après avoir accompli ses ravages, les guerriers abandonnèrent les côtes saxonnes.

viking_PNG11.png
bottom of page